Mali / Les nouveaux plans d’irrigation menacent la production alimentaire dans le Delta Intérieur du Niger

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La production alimentaire dans le Delta Intérieur du Niger au Mali va diminuer à la suite des plans du  gouvernement pour étendre l’irrigation dans l’Office du Niger, selon une nouvelle étude commandée par Wetlands International. Accroître l’irrigation dans l’Office du Niger réduira la quantité d’eau qui entre dans le Delta Intérieur du Niger par près d’un quart en 2045. Cela aura un impact important sur la pêche, l’élevage et la riziculture dans le delta.

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Le gouvernement malien veut tripler la superficie irriguée de l’Office du Niger. L’objectif est d’ajouter 330.000 ha à 125.000 ha déjà irrigués par l’Office du Niger. L’Office du Niger est une agence gouvernementale semi-autonome qui gère l’une des zones irriguées les plus grandes et les plus anciennes de l’Afrique occidentale. Le plan d’expansion de la superficie irriguée repose sur la construction du barrage de Fomi en Guinée en amont et réduira le volume d’eau moyen circulant dans le delta de 23%. Ainsi, Wetlands International appelle à un débat national  d’autant que jusqu’à présent la consultation a été très limitée.

“Moins d’eau qui coule dans le Delta signifie un niveau d’inondation plus faible et une plus petite étendue de l’inondation’’ explique Karounga Keïta, Coordinateur national de Wetlands International au Mali. “Cela aura un impact direct sur la production alimentaire dans le Delta Intérieur du Niger notamment sur les poissons, le bétail et le riz flottant. Il n’est pas sûr que l’augmentation de la production de riz dans la zone de l’Office du Niger puisse compenser la diminution de la production alimentaire dans le Delta Intérieur du Niger “, a-t-il ajouté.

De nouvelles recherches pour Wetlands International montrent que les plans actuels pour l’irrigation en expansion réduiront le commerce du poisson de 31%, la surface des pâturages de 28% et la production de riz flottant dans le Delta Intérieur du Niger de 37%.

La sécurité alimentaire

Les plans d’irrigation prédisent une augmentation de la production de riz dans l’Office du Niger à 58%. ‘’La sécurité alimentaire est très importante pour le Mali ’’, souligne Karounga Keïta. “Cependant, nous avons besoin d’avoir une vision plus large. L’augmentation de la production alimentaire dans l’Office du Niger, aura un impact dans le Delta Intérieur du Niger. Cela affectera également  l’économie malienne, au moins en ce qui concerne la pêche et l’élevage, de même qu’il aura un impact majeur sur les moyens de subsistance et la biodiversité. En plus de cela, moins d’eau qui coule dans le delta intérieur du Niger va considérablement augmenter la probabilité d’une année de catastrophe”. En année de catastrophe, le delta a une surface inondée maximale de 8000 km; la dernière fois que cela est arrivé c’était pendant la Grande Sécheresse en 1984.

Le Delta Intérieur du Niger est l’une des plus grandes plaines inondables dans le monde. Il prend en charge environ 1,5 millions de personnes directement avec du poisson, du pâturage pour le bétail et des terres fertiles pour les rizières et d’autres cultures.

Adapter les plans actuels

Les propositions visant à atténuer les conséquences négatives du nouveau plan d’irrigation soulèvent de nombreuses questions liées par exemple à l’élevage. Ce  qui est pertinent pour les éleveurs du Nord au Mali et du Sud-est de la Maurétanie. Les plans d’irrigation veulent exclure le système d’élevage nomade traditionnel des zones d’irrigation et diriger les troupeaux vers le Delta Intérieur du Niger. Ceci est impossible parce que, la capacité de charge des pâturages dans le DIN a déjà été atteinte et les tensions entre les différents usagers vont augmenter. Les pasteurs sont des acteurs importants dans le conflit actuel au Mali. Reste maintenant à voir ce que la perte de terres de pâturage signifiera pour la sécurité dans la région.

Wetlands International plaide pour une approche plus flexible permettant l’investissement maximal dans l’innovation en lieu et place des plans actuels du gouvernement pour l’extension maximale de la zone irriguée dans l’Office du Niger. Des options prometteuses comprennent l’optimisation  efficace de l’eau dans l’Office du Niger, des cultures résistantes à la sécheresse et l’extension de l’irrigation locale. Un débat plus large autour d’une telle stratégie de mise en œuvre plus adaptée est nécessaire.