Mali / Gestion de l’eau des ZH: Une méthodologie rigoureuse de détermination des débits environnementaux en vue pour le Niger Supérieur et le Delta Intérieur

Home » News » Cordons Bleus de Securite dans le Desert » Climat et risques de catastrophes » Mali / Gestion de l’eau des ZH: Une méthodologie rigoureuse de détermination des débits environnementaux en vue pour le Niger Supérieur et le Delta Intérieur
News

Wetlands International va développer une méthodologie rigoureuse de détermination des débits environnementaux pour le Niger Supérieur et le Delta Intérieur du Niger.

Développer une méthodologie participative de détermination des débits environnementaux pour le Niger Supérieur et le Delta intérieur du Niger, tel est l’objectif de l’atelier international que Wetlands international Mali à travers le projet BAM-GIRE, vient d’organiser à Bamako du 07 au 10 Juin 2016. La rencontre a vu la participation d’éminents experts et universitaires qui travaillent souvent sur la modélisation hydraulique et l’hydrologie entre autres.

image2

‘’Le débit est l’élément clé de la vie des cours d’eau et la clé de voûte du fonctionnement des hydro systèmes. Il faut donc situer les débits nécessaires pour un delta vivant’’. C’est en ces termes que le Pr Lamissa Diabaté, Secrétaire Général du Ministre de l’Energie et de l’Eau du Mali, a ouvert les travaux de l’atelier international de méthodologie rigoureuse de détermination des débits environnementaux pour le Niger Supérieur et le Delta Intérieur du Niger. Et Pr Diabaté de déclarer que ce besoin d’outil d’aide à la décision est d’autant plus urgent que les effets des  changements climatiques et des actions anthropiques prennent, de plus en plus, une ampleur sans précédent sur les ressources en eau avec une profonde accentuation de la vulnérabilité des hommes et des écosystèmes.

Cette rencontre initiée par Wetlands International au Mali, s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du Projet d’appui à la sécurisation des moyens d’existence et biodiversité dans un climat changeant, financé par l’ambassade du Royaume des Pays-Bas au Mali.

‘’Au regard de la complexité du système et des enjeux économiques, sociaux et environnementaux, la planification et les décisions opérationnelles pour le Niger supérieur et le Delta Intérieur du Niger doivent se faire avec la plus grande prudence’’, affirme Dr. Karounga Keïta, Coordinateur national du Bureau de Wetlands international au Mali.

Il faudra par exemple, s’assurer du maintien de débits maximums afin de garder la superficie des zones inondées, faute de quoi les zones humides autour du delta et leurs écosystèmes seront menacés indique t-il. ‘’Il faudra également maintenir un débit environnemental défini par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en 2008, comme étant le régime de l’eau fourni dans une rivière, une zone humide et une zone côtière, pour maintenir les écosystèmes et les services qu’ils offrent aux populations, lorsque les usages de l’eau sont compétitifs et que les flux sont réglementés. Afin de fixer les valeurs de ces seuils, il faudra établir une méthodologie rigoureuse de fixation des débits nécessaires pour un delta vivant, en utilisant les meilleures approches scientifiques et les meilleures données disponibles’’, ajoute M. Keïta.

image3

D’éminents experts nationaux et internationaux venus des structures comme ABN, Agrhymet, Université de OTTAWA, Université de Ségou, ENI-ABT, Université de Kankan, WASCAL,  qui mènent des recherches scientifiques dans les domaines de la modélisation hydraulique 2D et hydrologie, les habitats des poissons, etc. ainsi que le 1er secrétaire de l’ambassade des Pays Bas à Bamako, ont pris part à l’atelier.

Dans les 9 pays qui se partagent son bassin versant de 2.170.000 km2, le fleuve Niger assure la subsistance d’environ 110 millions de personnes. Son Delta intérieur est la plus grande zone humide de l’Afrique de l’Ouest et la seconde du continent. Les écosystèmes du Delta intérieur sont riches en biodiversité. Cependant, ils subissent une forte pression due à l’exploitation grandissante des ressources en eau, de la terre, de la flore et de la faune par les populations et les industries locales. Le couvert végétal s’amenuise à cause de la pratique de l’agriculture itinérante, l’orpaillage traditionnel, la fabrication et cuisson des briques de construction, etc. Les différentes formes de pollution issues des activités des grandes sociétés minières présentes dans la zone et celles des teinturières et la présence de plusieurs barrages altèrent le régime hydrologique.

Au cours des dernières décennies, le Delta Intérieur du Niger a subi des transformations significatives. Il est passé d’un système essentiellement naturel à un système de plus en plus modifié où les moyens d’existence et la biodiversité dépendent fortement de la gestion des terres. En plus de l’impact des changements climatiques, l’ensablement du lit des cours d’eau constitue aussi une menace pour le régime hydrologique. La santé du Delta intérieur, de ses communautés et de sa biodiversité dépend du maintien d’un régime d’écoulement qui, à défaut d’être naturel, équilibre les services entre les parties prenantes.

Ainsi, la mobilisation des expertises et des connaissances pour la détermination des débits environnementaux pour le Delta du Niger se fera au cours de plusieurs activités. Les résultats de cet atelier et des activités subséquentes constitueront une base scientifique pour la fixation de ces seuils. Celle-ci tiendra compte des particularités du Delta intérieur du Niger.

La rencontre a permis non seulement d’approfondir les connaissances sur les régimes hydrologiques, mais aussi de connaître les méthodes utilisées par la communauté scientifique mondiale pour caractériser les exigences des pulsations de crue en termes de régime hydrique et aussi de développer des connaissances dans la détermination des débits environnementaux.